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La difficile lutte contre l’antibiorésistance

La résistance aux antibiotiques est au menu du premier G20 de la Santé à Berlin : les bactéries sur qui les antibiotiques n’ont plus d’effets posent de nombreux problèmes. Il est cependant possible de les réduire.

Antibiorésistance: une lutte difficile

Sur le front de la guerre contre la résistance aux antibiotiques, toute bataille gagnée sonne comme une petite victoire. En janvier 2017, la revue The Lancet Infectious Diseases exposait celle remportée dans les hôpitaux anglais sur une souche résistante de Clostridium difficile. Cette bactérie est responsable de diarrhée et de colites dites «pseudomembraneuses» souvent accompagnées de fièvre et de douleurs, dont les complications peuvent être extrêmement sévères voire mortelles. L’étude publiée par la revue spécialisée montre que restreindre l’utilisation d’antibiotiques de la famille des fluoroquinolones, comme la ciprofloxacine, a entraîné la disparition dans la grande majorité des cas d’infections causées par les souches de C. difficile résistantes aux traitements.

L’équipe de chercheurs d’Oxford a enregistré une baisse d’environ 80 % du nombre de ces infections au Royaume-Uni. Dans le comté d’Oxfordshire, au sud-est de l’Angleterre, où deux tiers des bactéries C. difficile étaient résistantes aux antibiotiques en septembre 2006, elles n’étaient plus que 3 % en février 2013. Dans le même temps, le nombre de bactéries transmises d’une personne à une autre n’avait pas changé. Et ce, malgré la mise en œuvre de mesures d’hygiène pour éviter la transmission dans les établissements hospitaliers.


«Cette étude vient conforter l’existence du lien entre la prescription d’antibiotiques et le développement des résistances chez les bactéries », analyse le professeur France Cazenave-Roblot, infectiologue au CHU de Poitiers.


«Le taux de résistance de Escherichia coli est passé de 1,4 % à 11,9 en 10 ans » professeur Pascal Astagnau, responsable du centre de prévention des infections associées aux soins de Paris.


En effet, la consommation massive d’antibiotiques exerce sur les bactéries ce que les scientifiques appellent une pression de sélection: exposées à l’antibiotique, les souches sensibles cèdent la place aux souches résistantes, qui prolifèrent. La résistance de la bactérie peut être innée ou acquise. Une bactérie résistante peut en effet transmettre son matériel génétique (plasmide) porteur d’un ou plusieurs gènes de résistance à une bactérie jusqu’alors sensible. Ces résistances plasmidiques concernent 80 % des résistances acquises et sont sans aucun doute les plus préoccupantes. Pour éviter la multiplication des résistances, diminuer la prescription d’antibiotiques demeure une nécessité, comme le prouve l’étude anglaise. Si l’ensemble de la communauté scientifique s’accorde sur ce point depuis des années, les résultats se font attendre. «Nous savons que nous consommons encore trop d’antibiotiques. En France, la situation n’est pas bonne», s’alarme le professeur Antoine Andremont, chef du service de bactériologie de l’hôpital Bichat à Paris.

«Les épidémies restent modestes en France car nous avons de très bonnes unités d’hygiène dans les hôpitaux qui savent éviter la diffusion de ces souches lorsqu’elles sont détectées» docteur Jean Carlet, président de l’Alliance contre le développement des bactéries multirésistantes.

Malgré les campagnes de communication et les mises en garde, la consommation est en effet repartie à la hausse entre 2005 et 2015, selon les données du rapport publié à la fin de l’année dernière. Une tendance particulièrement marquée en ville alors que la consommation à l’hôpital est restée stable. «Contrôler la consommation est sans conteste plus facile à l’hôpital.


Nous devons aujourd’hui être vigilants sur les gestes qui peuvent être responsables de la transmission de bactéries - comme par exemple - la pose trop prolongée de sondes urinaires», souligne le professeur Alain Astier, pharmacien hospitalier à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil.


Car malgré une consommation contenue, les résistances, à quelques exceptions près, progressent. «La résistance aux staphylocoques doré a diminué grâce à la mise en place de mesures d’hygiène», détaille le professeur Pascal Astagnau responsable du centre de prévention des infections associées aux soins de Paris. Celle-ci est en effet passée de 27 % en 2005 à 16 % en 2015. «Mais parallèlement on voit la progression d’entérobactéries résistantes», poursuit le spécialiste. C’est notamment le cas d’Escherichia coli. Le taux de résistance de cette bactérie responsable de gastroentérites ou encore d’infections urinaires est passé de 1,4 % à 11,9.


Certaines entérobactéries productrices de carbapénémases confrontent les médecins à de véritables impasses thérapeutiques car elles sont résistantes à pratiquement tous les antibiotiques. Contenir leur diffusion va nécessiter la mise en place de mesures drastiques et coûteuses. Conscient des enjeux, le gouvernement a annoncé un plan de campagne pour lutter contre l’antibiorésistance. Il doit maintenant être déroulé.



│LE FIGARO, 18 mai 2017│* L'article original a légèrement été modifié par L'Institut de formation 100-T



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